mercredi 30 décembre 2015

Les fils de l'homme (P.D. James / Alfonso Cuaron)



Titre original : Children Of Men
Publication originale : 1992
Publication dans cette édition : 1995
Edition : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 310 pages
Prix : 6,60 euros
Synopsis : " Dans l'Angleterre de 2021, frappée de stérilité comme le reste de la planète, plus aucun bébé n'a vu le jour depuis un quart de siècle. La population âgée s'enfonce dans le désespoir ; les derniers jeunes, jouissant de tous les droits, font régner la terreur ; le reste de la population s'accroche à une normalité frelatée sous l'autorité du dictateur Xan Lyppiatt. Cousin de ce dernier et historien, Theo Faron rencontre un soir une jeune femme, Julian, membre d'un groupuscule clandestin qui défie le pouvoir. Celle-ci va bientôt lui annoncer une nouvelle stupéfiante..."
 
 
C'est suite à la découverte du magistral film d'Alfonso Cuaron sorti en 2006 que j'ai eu envie de lire le roman de P.D. James dont il est adapté.
 
La bonne surprise, c'est que les deux n'ont pas grand chose à voir, si ce n'est le contexte d'infertilité dans un futur proche, le lieu (l'Angleterre), le nom des personnages et de certains autres éléments de l'histoire. L'un est très suggestif, lent ; l'autre hyper rapide et plus qu'évocateur.  
 
Dès les premières pages, et jusqu'à la fin du roman, Theo est au centre des évènements, directement (par l'intermédiaire de son journal) ou indirectement (par une narration plus distanciée, à la troisième personne, de ce qu'il vit). Cette alternance narrative, au début assez troublante, puisque sans véritable logique, prend tout son sens au fur et à mesure de l'implication du personnage dans sa rencontre avec Julian, et dans l'aide qu'il décide de lui fournir, bien malgré lui au départ...
 
C'est donc à travers le regard de Theo que l'on découvre une Angleterre bien mal en point. Ravagée par la disparition des enfants et l'impossibilité de voir survivre l'humanité, par la dictature qui en a insidieusement découlé, elle est pourtant l'eldorado du monde, car tenue d'une main de fer par le cousin de notre personnage principal - c'est d'ailleurs ce lien familial qui explique son importance dans le roman. 
 
Et c'est justement par la présence de Xan que se fait la véritable différence entre le roman et le film. 
 
P.D. James décrit la façon dont s'est mis en branle un nouveau monde sans espoir de survie : la facilité avec laquelle une dictature a pu combler le manque d'espérance d'une population grâce au charisme de celui qui l'a proposée, entraînant toutes les dérives possibles et inimaginables dans ce nouveau monde. Ainsi, Theo passe de longs moments à décrire son cousin, à présenter ce qu'il a fait, pourquoi... avant qu'on en arrive à sa rencontre avec Julian et ce qu'elle va entraîner. Certes, on ressent bien un climat de violence et d'angoisse causé par le nihilisme désormais existant dans la société, mais il est présenté de manière très implicite et euphémisé.
 
Alfonso Cuaron a, quant à lui, plutôt choisi d'insister sur ce climat de violence, faisant de l'Angleterre un pays apocalyptique, sans vraiment s'intéresser à la mise en place progressive de la dictature. On arrive en plein milieu du désastre, on se prend les informations et évènements dans la tronche au même rythme que Theo, l'atmosphère étant immédiatement bien plus sombre et oppressante, ce qui ne va faire que s'accentuer au fil du film. 
 
Une même histoire donc, qui en arrive au même résultat, mais qui ne suit pas du tout le même cheminement. Dans le roman, c'est la genèse d'une situation apocalyptique qui importe ; dans le film, c'est l'acmé de cette même situation apocalyptique pressenti qui devient le centre de l'histoire. Dans tous les cas, les deux mènent à un vrai questionnement sur les êtres humains et leur disparition possible...  
 
 

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